Icarus et Solokit Unlimited

La chaleur parisienne aidant, j'ai fini par installer le solokit sur l'Icarus de Loaded. Un peu par curiosité scientifique. Beaucoup par espoir de profiter du meilleur des deux mondes : la magie de la glisse et le confort du moteur.

De fait, le Set-up est bon, voir excellent. Mais il m'oblige aussi à prendre conscience d'une terrible vérité. La motorisation nuit gravement au plaisir de la glisse.

Je pense que c'est une histoire de respiration. 

Le longboard est une activité cyclique. Tout commence par une poussé, une accélération. Puis la vitesse décroit, et il faut relancer la machine. C'est comme la respiration. On expire et on inspire de façon continu. Et entre chaque phase il y a un moment plus ou moins long, plus ou moins sensible, de rien, d'inaction, de pure magie.

J'imagine que cette vision de notre pratique dépend beaucoup de la discipline. Peu-être qu'en downhill, tout n'est que descente. Mais en push ou en carving ce sont des cycles qui se mêlent et se coordonnent : respiration, poussée des jambes, virages, flex de la board, courbes du sol, etc...

La motorisation efface beaucoup de ces alternances binaires. En générant des vitesses et accélérations linéaires, l'électricité pousse le e-sk8 vers une expérience qui n'est plus exactement de la glisse. Une expérience moins sinusoïdale.  Une expérience finalement plus occidentale, qui tourne le dos au Yin et au Yang. 

Je peux entendre que cette "vérité" dépende beaucoup du niveau d'expérience du skater.

En monoroue par exemple, il est facile et reposant de rouler raide et droit comme un camion. Mais avec un peu de bouteille et de technique dans les genoux, on peut carver et godiller comme un skieur. Ce qui est infiniment plus agréable (et légèrement plus fatiguant).

Pour en revenir à l'Icarus, cette board est magique sous les pieds. Elle envoie des good vides de partout.

Le solokit ne l'alourdit pas trop, ne restreint pas son flex et lui offre des roues incroyables... mais il induit une course différente, une respiration différente... et c'est moins bien... A mon grand regret, la board est infiniment plus agréable à rider sans moteur.

Pour finir, je tiens à préciser que je suis trop peu sportif et trop flemmard pour me passer de l'électrique. En réalité, je ride plus fréquemment une télécommande à la main que sans. Je n'ai malheureusement pas la technique pour redonner de la vie, de la fluidité, à mon pilotage de e-sk8... En tout cas, pas à l'heure où j'écris.