De la limite de la limitation

Ceux qui me font la gentillesse de me lire depuis longtemps savent que j'ai ardemment défendu la limitation à 25 km/h. En des temps glorieux où nous étions si peu à circuler en gyroroue, je prônais la joie de glisser paisiblement entre les piétons. 

C'était une autre époque. Un temps d'aventuriers. De liberté. De découvertes.

Depuis, l'affreux législateur, rasé de prêt mais bas de plafond, beau parleur mais piètre penseur, l'inculte législateur, fière de son arrogant pouvoir de contraindre nos vies, le législateur dis-je, à légiférer. Et comme à son habitude, il n'a su que normaliser, limiter, affadir, fermer, griser... C'est qu'il n'a su qu'enlaidir. Le triste sire !


Pilote doux, glisseur de courbes, rider timide, j'ai du abandonner les joueurs trottoirs parisiens pour me coltiner les bas coté défoncés des bus borgnes et des livreurs inciviles. J'ai dû me caparaçonner contre les cyclistes, m'illuminer pour les fatigués du soir. Et pire que tout, j'ai dû accepter de filer droit ! 

Rouler tout droit n'a que peu d'intérêt. Rouler droit à 25 km/h c'est comme faire l'amour au rythme d'un métronome : un contre-sens inutile, une incompréhension de l'essence vitale qui doit animer chacun d'entre nous. 

Pire, ces 25 sont totalement inadaptés à l'écosystème local.

  • Le plupart des cyclistes sportifs roulent entre 24 et 28.
  • Les nombreuses zones 30 parisiennes sont des zones sans pistes cyclables. On s'y retrouve à ralentir des voitures doublement furieuses de ne pouvoir dépasser les 30 (faute à l'odieuse préfecture)  et de ne pouvoir nous dépasser nous les odieux "crétins sur leurs jouets de merde".
Ainsi, on se retrouve toujours trop lent. Trop lent pour doubler. Trop lent pour occuper une place devant nos compétiteurs, tous plus rapides.

Pire encore, ce psychopathe de législateur n'a pas seulement décidé de limiter notre vitesse, il a imposé de brider nos machines. Non seulement nous n'avons pas le droit de dépasser les pathétiques 25, mais nos machines doivent techniquement être incapable de passer cette incompréhensible limite.
Sans freins pour piler, on se retrouve aussi sans possibilité d'accélération pour éviter l'idiot qui ne nous aurait pas vu (ou qui considère que nous ne méritons pas notre priorité à droite).

Cette limitation fait de nos monoroues des handicapés de la route. Moins que des proies. Rien de plus que des quilles à éviter dans un torrent furieux.

Je ne défendrais plus les 25 km/h.

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