Eco-Riders - L'interview

Après avoir interviewé deux fabricants de e-skates français, deux boutiques spécialisées NVEI et un artiste freestyle, j’ai le plaisir aujourd’hui de discuter avec un distributeur : Antoine Sébis de la société Eco-Riders.

Bonjour Antoine, merci d’avoir accepté mon invitation. Tu es « mon premier distributeur ». Tu pourrais m’expliquer en quelques mots en quoi consiste ton activité ?

C’est assez simple. Mon métier est de trouver à l’étranger des produits de mobilité électriques qui pourraient être intéressants pour des usagers français et européens. Quand nous avons sourcé un produit, nous le testons pour nous assurer de sa fiabilité et nous vérifions sa « conformité » pour être certain de pouvoir légalement le distribuer en Europe. Ensuite, si tout va bien on en achète et importe des lots importants pour les revendre à des distributeurs locaux ou directement aux clients finaux.

Et tu distribues beaucoup de marques ?

Nous avons été les premiers à faire des Ninebot (à l’époque des C+ et E), puis on a travaillé sur plusieurs produits. Mais actuellement nous sommes essentiellement le distributeur officiel de la marque de skateboard électriques américaine ACTON. Nous travaillons avec eux depuis des années et nous avons l’exclue sur toute l’Europe.

Donc tu revends des planches ACTON à des magasins dans toute l’Europe ?

Oui et non. Notre stratégie a évolué avec le temps. Nous avons eu une période 100% BtoB. Mais actuellement la plupart des revendeurs trouvent plus facile de vendre de trottinettes que des e-skates. Du coup on s’est remis à faire de la vente directe via notre site web et des marketplaces telles que Amazon. Et on s’en tire plutôt pas mal avec des ventes dans toutes l’Europe.

Et tu as essayé de passer par des skateshop tradi ?

Oui mais c’est compliqué. Certains gérants sont viscéralement opposés à l’électrique. Et les autres sont habitués à des marges beaucoup plus fortes que ce que nous pouvons proposer. Quand tu vend des skates classiques, tes marges sont très confortables et les retours quasi inexistants. Notre activité est bien plus proche de celle des produits électroniques. La marge est modéré et il faut absolument gérer un SAV… ça en refroidit plus d’un !

Non, je pense vraiment que l’on a adopté la bonne stratégie. En tant que distributeurs nous faisons déjà de gros efforts marketing pour promouvoir la marque, l’effort supplémentaire pour vendre des produits est finalement assez similaire. On sait faire. 

Mais c’est vrai qu’à terme, nous aimerions ouvrir une boutique physique. C’est important pour créer du contact avec nos clients. Mieux les connaitre, mieux les conseiller, les former aux spécificités du e-skate aussi… Mais ce sera pour plus tard.

Et comment tu vois l’explosion de marques chinoises, et l’arrivée de la grande distri sur ce marché ?

Hum… c’est un sentiment ambivalent. C’est agaçant parce qu’on a passé des années a créer le marché, évangéliser les consommateurs et travailler sur la législation avec les pouvoirs publics. Et la grande distribution arrive aves ses gros moyens et vend au « mass market ». C’est elle qui retire le plus de bénéfice de tout ça. Et elle le fait avec des produits très bas de gamme qui vont laisser de mauvais souvenirs aux acheteurs… Mais dans une certaine mesure ça structure et crédibilise notre marché, cela nous donne du poids.

Tu parles de législation et de pouvoirs publics… tu peux m’en dire plus ?

Assez vite on a perçu qu’il fallait un cadre légal pour nos engins. Je ne sais pas si tu t’en rappel mais il y a quelques années le marché était chaotique. Entre les hoverboards qui prenaient feu et les gyroroues à peine capable de porter un adulte il fallait vraiment mettre en place des normes qualité…Nous avons créé l’e-FPMM (la fédération des professionnels de la micro-mobilité) avec Décathlon, Revo et Micro Mobility France. L’objectif de cette fédération est de représenter notre secteur auprès des pouvoirs publics et de travailler sur tous les aspects permettant le développement des NVEI. Cela peut sembler austère, mais c’est une aventure passionnante. Dès que tu commences à réfléchir sur la place de nos véhicules dans la société, tu te retrouves à discuter avec des gens d’horizons différents et aux enjeux différents. On pense évidement aux associations d’usagers (cyclistes, piétons, etc), mais il y aussi les mairies, les préfectures, les mutuelles, les assurances et j’en passe… Plus tu avances, plus tu comprends combien tout est imbriqué… Une fois que tu es passé par là, tu comprend mieux pourquoi les décisions et les actions politiques prennent du temps. Il faut du temps pour faire aboutir des dossiers bien ficelés. Et j’avoue être maintenant moins impatient que par le passé sur tous ces sujets ! 

Revenons-en au e-skate. A ma connaissance, ACTON est la marque qui propose aujourd’hui la gamme la plus large avec 5 modèles. J’imagine que certains se vendent mieux que d’autres.

En effet, les Blink S et S2 sont nos best-sellers. Ce sont des modèles urbains très polyvalents, parfaitement adaptés aux villes européennes.

La Blink Board et la Lite vont surtout convenir à ceux qui privilégient la légèreté et l’inter-modalité. 

Et il y a la QU4TRO !

Oui c’est notre haut de gamme destiné à un usage sportif. C’est un concentré de technologie avec ses quatre moteurs hubs, chose unique pour un skate électrique. Elle se vend très très bien, les premiers stocks sont parti très vite. La bonne nouvelle c’est qu’on devrait en avoir une nouvelle série très prochainement. Série qui a profité des retours utilisateurs de la première fournée pour être encore améliorée.

J’ai vu que tu vendais aussi des Evolve sur votre site.

Oui avec notre nouvelle stratégie BtoC, on avait envie d’élargir notre offre e-skate. Avec ACTON on couvre parfaitement la demande « glisse urbaine » et « ride sportif ». EVOLVE nous permet maintenant de proposer à nos clients le « tout terrain » que ne fait absolument pas ACTON.

Merci à toi pour toutes ces infos et à très bientôt pour un test complet de la Lite !

Pour les curieux, tous les interviews sont à lire ici.